La dame m'observait d'un œil en coin. Une demi-heure de marche il m'avait fallu pour quitter la Cité Scientifique,
traverser
Ascq et trouver enfin cette maison de la presse à Annapes. La dame se
tenait derrière sa caisse et soupirait souvent. Pas vieille, plus jeune.
Elle m'a d'abord fait repenser à ma mère. Ce qui m'a obligé à me
diriger vers le rayon des mots croisés. Le temps que des clients
inopportuns paient leurs achats, causent un brin et se décident à
sortir.

Alors
mon regard se levait vers les rayonnages « réservés aux adultes ». J'y
avais aperçu, la semaine d'avant, cachée derrière les couvertures
habituelles de seins en obus et de bouches pulpeuses écœurantes, un bout
d'épaule moins lisse, plus musclé qui laissait supposer une virilité
nue.
Depuis
une semaine, je fantasmais ce morceau de couv'. Revenu à Maubeuge pour
un week-end en famille, je n'avais pas osé aller voir ça au kiosque de
la gare de peur d'être reconnu. Aussi, ce lundi-là de novembre 1980, je
séchais les cours de l'après-midi, bien décidé à oser tendre la main
pour la première fois vers ce magazine inconnu, scandaleux, interdit.
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