Juillet
1986. Je traverse le pays en stop pour les vacances, vers l'ouest. Un
camion me dépose dans la région de Pré-en-Pail. Je marche afin de
trouver un endroit de la route aisément praticable si une voiture veut
bien me prendre. Quelques centaines de mètres et je dépasse un chariot
de ballots de paille, le long d'une grange en bordure de nationale. Au
dessus de la remorque de paille, un homme en baskets et maillot de bain
noir. Juste ça. La fourche à la main, il balance les ballots
rectangulaires en faisant bouger tous ses muscles.
L'image
est admirable : je m'installe non loin de là. Tous les trois ou quatre
ballots lancés, il fourrage généreusement son maillot d'une main
déterminée... Je crois apercevoir une ombre tubulaire prometteuse...
Le
fermier en question se prénommait Pascal. Un monsieur de 39 ans.
Gentil. Beau. Homo et sacrément en manque dans son patelin paumé... Je
suis resté la moitié de l'été, hébergé dans sa grange. Le premier homme
que je rencontrais qui se dise ouvertement marié, père de famille et
homo. Trois semaines à soustraire mes 27 ans de ses 39 m'ont appris cent
fois plus que tous les articles à la con que j'avais pu lire dans la
presse de l'époque.
Le dernier été de liberté. L'année suivante, sans que je comprenne quoi que ce soit, j'étais marié et en passe d'être papa !

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